Une vive polémique à propos de la féminisation des noms de métier, fonction, grade et titre a animé les débats ces dernières années. Cette polémique a notamment été soulevée par trois femmes ministres qui ont souhaité qu'on les appelle Madame la ministre, et non plus Madame le ministre (ministre est donné comme nom masculin par les dictionnaires).
Le Premier ministre Lionel Jospin a demandé à la Commission générale de terminologie et de néologie (qui dépend de la DGLF) de rédiger un rapport sur la question et rappelé l'existence de la circulaire de 1986 préconisant l'emploi des formes féminines dans les documents officiels : « Il convient de recourir aux appellations féminines pour les noms de métier, de fonction, grade ou titre dès lors qu'il s'agit de termes dont le féminin est par ailleurs d'usage courant (par exemple, la secrétaire, la directrice, la conseillère). Je vous invite à diffuser cette pratique dans les services placés sous votre autorité et à l'appliquer dans les textes soumis à votre signature. » (Circulaire du 6 mars 1998 adressée aux ministres et secrétaires d'État du gouvernement).
L'Académie française répond alors vigoureusement à cette prise de position du gouvernement ce qui donne lieu à de nombreux échanges de points de vue (souvent virulents) dans les colonnes de la presse : académiciens, grammairiens, linguistes, journalistes… argumentent tour à tour sur le bien-fondé ou non de cette féminisation.
- Pour les noms se terminant par -e, le passage au féminin se traduit uniquement par le changement de déterminant (article…).
un peintre - une peintre
un arbitre - une arbitre
- La féminisation se fait également naturellement pour la plupart des noms se terminant par une voyelle (autre que e) ou par une consonne (excepté pour les formes se terminant par -eur). Les noms féminins sont alors obtenus selon les principes de la formation des noms féminins.
un magistrat - une magistrate
un écrivain - une écrivaine
Force est de constater un écart entre les formes préconisées et l'usage courant. Si des termes tels que magistrate ou écrivaine se répandent peu à peu dans l'usage, d'autres termes tels que assureuse, pompière… ont plus de mal à s'imposer. Certains noms se prêtent mal à la féminisation : certains noms en -eur, ainsi que médecin, chef, etc. Bien que la forme soit, l'usage hésite à employer la forme féminine préconisée et préfère dans ce cas marquer le féminin uniquement par le déterminant féminin.
une chef – une médecin – une professeur
Circulaires, rapports et règles
- Circulaire du 6 mars 1998 : circulaire rédigée par le Premier ministre Lionel Jospin à l'adresse des membres du gouvernement leur demandant d'utiliser les formes féminines dans leurs documents officiels et à la Commission générale de terminologie et de néologie de remettre un rapport sur la question.
- Résumé des observations et des recommandations de la Commission générale de terminologie et de néologie (octobre 1998)
- Rapport sur la féminisation des noms de métier, grade, fonction et titre : document complet remis en octobre 1998 par la Commission générale de terminologie et de néologie.
Points de vue
Sur les pages suivantes, vous trouverez l'avis de différentes personnalités du monde linguistique concernant la question de la féminisation des noms de métier.
Académie française (dernier paragraphe).
Philippe Hamiel, linguiste, directeur de l'institut Novexis
Anne-Marie Houdebine, professeur de linguistique et de sémiologie à la Sorbonne
Henry Landroit, chroniqueur à l'hebdomadaire belge La Ligueur
Jean-François Revel, académicien
Josette Rey, linguiste, codirectrice de la rédaction des dictionnaires Le Robert
Marie-Eva de Villers, directrice de la qualité de la communication à l'École des HEC de Montréal
Un dossier complet sur le site du CIEP (Centre International d'Études Pédagogiques)